Les grades

Un nouveau système de grade nait au fur et à mesure avec le développement du judo, il gagnera en prestige et en popularité jusqu’à se propager dans les autres art martiaux.

C’est Kanō Jigorō qui, aux tous débuts du Kōdōkan jūdō met en place le système de grades qui est désormais presque universellement connu : les dan. Il a ainsi « fondé le Kōdōkan en l’an 15 de Meiji [1882] et [a] fixé les grades des pratiquants sans tarder » : il ne donne cependant pas de date précise. Quoi qu’il en soit, si les dan ne sont pas créés en 1882, ils le seront au plus tard en août 1883, date de la nomination des deux premiers « premier dan ».

Kanō Jigorō ne reprend aucun des systèmes en vigueur dans les écoles anciennes mais crée de toute pièce un système original, qui deviendra un modèle pour les écoles telles que le kendō, le karate, l’aikidō, etc.

Le système classique

Dans les jūjutsu, plusieurs systèmes coexistaient, chaque école ayant ses particularités. Toutefois, certaines attestations permettaient d’apprécier, en dehors même de l’école, le niveau atteint dans chaque style par un pratiquant. Au-delà de l’habileté dans l’art qu’elles reconnaissaient, elles conféraient aussi une certaine reconnaissance sociale. Les termes les plus usités étaient mokuroku 目 録 , « enregistrement », menkyo 免許, « autorisation », et kaiden 皆伝, « ensemble de la transmission ».

Le premier terme, mokuroku, signifie que le nom du pratiquant figure sur les registres de l’école. Il est difficile de déterminer exactement quel niveau cette marque traduisait. Peut-être s’agissait-il simplement de la reconnaissance d’un engagement sincère dans la pratique. D’ailleurs, aujourd’hui encore au Japon, un débutant patiente quelque temps avant que son nom ne soit inscrit sur une tablette et celle-ci accrochée dans le dōjō.

Parfois, cette étape était précédée de kirigami 切紙, « papier coupé », bien que ce terme semble avoir plusieurs définitions. Il peut désigner soit une étape première, où le nom était accroché dans le dōjō sur un simple papier coupé, ou, il peut désigner, dans les termes kirigami mokuroku 切紙目録 ou kirigami menkyo 切 紙免許, la preuve remise au pratiquant du niveau atteint, mokuroku ou menkyo. Kirigami fait alors référence à la façon dont le papier est plié et signifie plutôt attestation ou diplôme. Le second terme, menkyo, correspond à l’autorisation d’enseigner le style. Il n’est donc accordé qu’au pratiquant ayant acquis une connaissance solide des techniques de l’école, une expérience suffisante et une maîtrise qui justifient qu’il puisse transmettre le contenu technique de l’école. Le troisième terme, kaiden, signifie que le pratiquant a reçu l’ensemble des documents de l’école. Peu de personnes atteignaient ce niveau et, parmi elles, une était choisie pour reprendre la direction de l’école.

Autrefois, en fonction des habitudes, le nombre de grades différait et, on se voyait remettre des rouleaux aux noms divers mais, en général, il existait trois grandes divisions qui étaient mokuroku, menkyo et kaiden ; au fur et à mesure de l’entraînement, on quittait d’abord le statut de débutant pour atteindre celui de mokuroku puis, progressant encore d’une étape, quand on atteignait le niveau suffisant pour enseigner, on recevait le menkyo, qui était l’autorisation d’enseigner le style de jūjutsu, puis, progressant encore d’une étape, quand on démontrait une connaissance approfondie et basée sur la pratique de la technique, on passait kaiden, c’est‐à‐dire que l’on recevait un document qui signifiait que l’on nous avait tout enseigné sans exception des secrets indispensables au style.

Le système de Kanō Jigorō

Le système de Kanō Jigorō est basé sur une grande division : les possesseurs de dan ou yūdan 有段, et ceux qui n’en possèdent pas, ou mudan 無段. Le système des dan est resté inchangé : une gamme montante de un à X (dans les faits, dix a été la limite supérieure jamais accordée, mais l’échelle n’a pas été limitée a priori) ; en revanche, le système des non-dan a connu quelques modifications dans les débuts du jūdō. Au début, Kanō Jigorō crée trois sous-divisions avant le dan : kō 甲 (premier niveau), otsu 乙 (deuxième niveau) et hei 丙 (troisième niveau). Trouvant que celles-ci ne permettent pas une progression suffisamment rapide, il met finalement en place cinq kyū 級, auxquels il faut ajouter un premier grade (ou plutôt « non grade »), qui correspond au sixième kyū. Les six kyū forment une sorte de compte à rebours au nombre de marches défini, aboutissant au premier dan.

J’ai fondé le Kōdōkan et commencé à enseigner le jūdō en l’an 15 de l’ère Meiji mais je n’ai pas mis en place le système classique de mokuroku, menkyo et kaiden car j’ai pensé qu’il serait utile, pour l’enseignement comme pour l’encouragement des élèves, qu’il y ait plus d’échelons afin que les occasions de les gravir se présentent rapidement. J’ai donc créé un système en établissant une grande séparation entre les pratiquants yūdan et les mudan. J’ai sous‐divisé ces derniers en kō, otsu et hei (par la suite, j’ai révisé cette division pour créer le système encore en vigueur aujourd’hui où l’on progresse du cinquième au premier kyū, ce qui fait six kyū avec celui qui les précède et ne fait pas partie du système). Quant aux gradés, ils commencent par le premier dan, le deuxième, le troisième, etc. Un sixième dan est considéré comme un expert de la pratique du randori comme des kata, et il reçoit l’autorisation de les enseigner. Un dixième dan, non seulement maîtrise parfaitement, le randori et les kata bien sûr, mais aussi les enseignements spirituelsdu jūdō : il devient alors shihan dans tous les aspects du jūdō. En fonction de ses capacités, on peut atteindre le onzième ou le douzième dan.

Si Kanō Jigorō affirme qu’ « au Kōdōkan, quel que soit le dan ou le kyū cela ne représente rien d’autre que l’escalier qui mène à shihan et que le débutant gravit marche après marche », il n’en reste pas moins qu’il a éprouvé le besoin de séparer à la fois dans leur nom et dans leur apparence (couleur de ceinture) ces deux catégories. Elles doivent donc, en toute logique, avoir leur spécificité.

Les kyū 級 – gravir

La graphie de ce caractère donne une idée du sens qu’il véhicule et permet de comprendre pourquoi les kyū forment une première étape. Le Kanji-gen propose l’étymologie suivante :

Caractère composé d’éléments de sens et d’un élément phonétique. 及(kyū) est une combinaison graphique 人+又 représentant le moment où la main saisit dans le dos un homme qui s’enfuit et que l’on poursuit. Il s’agit de suivre quelqu’un à la trace (de trace en trace) jusqu’à l’atteindre. 級, composé de 糸 [fil]+ élément sonore 及, correspond à, lorsque le fil se termine, suivre et combler pas à pas. A l’inverse, sens d’une méthode composée d’étapes à franchir une à une.

Tisser le fil grâce au métier à tisser, sans manquer d’étape, est la condition qui permet la confection d’une étoffe solide et complète. Kyū, évoque ainsi l’idée d’une action progressive et méthodique permettant de constituer un ensemble complet. Plus près du jūdō, kyū évoque la nécessité de maîtriser l’ensemble du catalogue technique, les chutes et les déplacements avant le passage du premier dan. Les kyū marquent et reconnaissent l’importance de l’apprentissage des fondamentaux ; ils accompagnent la maîtrise des pré-requis rendant la pratique possible à partir de l’entrée dans le système des dan.

S’agissant des kyū, Kanō Jigorō utilise également le terme kaikyū 階級, qui signifie classe ou catégorie, c’est-à-dire un ensemble regroupant des individus aux caractères communs. Cela peut, peut-être, être une explication de la progression à rebours, compris comme une évolution qualitative, puisque l’on va parler de « progresser en classe » shinkyū 進級, passer de la cinquième à la première.

Les dan 段 – approfondir

Le dictionnaire Jidai-betsu kokugo daijiten 時代別国語大辞典 (Grand dictionnaire de japonais par époques) parle, dans sa première acception du terme dan, « d’échelons d’une échelle, de marches d’escalier par exemple, c’est-à-dire des surfaces planes disposées à des hauteurs différentes afin de franchir des différences de niveau pas après pas ». Les deuxième et troisième acceptions définissent dan comme les étapes d’un ensemble. La quatrième explique que dan peut aussi représenter les différents groupes qui composent une longue phrase. Et la cinquième qu’il peut également désigner les faits successifs composant une situation. Dan véhicule donc l’idée d’une division, qui est aussi graduation, comme dans le cas d’une marche ou d’un échelon, mais où l’importance de chaque étape est clairement marquée et où toutes les étapes ensemble forment un tout. Les dan sont ainsi des étapes, mais des étapes qui font sens en elles-mêmes, et pas seulement dans le tout qu’elles forment. Le Kanji-gen précise encore cette idée : « […] marches de pierre ou d’escalier permettant de descendre en faisant chaque fois résonner ses pas.»

Comme pour kyū, on retrouve le composé kaidan 階段, escalier, qui reprend le même kai 階. Pour progresser en dan, on parle cette fois de « gravir les échelons » shōdan 昇段, où shō a le sens de grimper, monter. Là où kyū désigne des étapes indépendantes et de qualité chaque fois supérieure, dan véhicule l’idée d’un tout divisé plusieurs fois et où ce terme désigne ces fragments : un dan représente donc une division d’un tout. Mais, dan véhicule également une idée de mouvement qui se déroule par étapes sonores. Il y a donc progression de division en division pour parcourir un espace dans sa totalité, chaque fois plus profondément. Le système des kyū symbolise ainsi la construction progressive d’une base pour le pratiquant à partir de laquelle il pourra approfondir, de dan en dan, la pratique dans tous ses aspects.

Marquer la différence avec le jūjutsu

Il est probable également que Kanō Jigorō n’ait pas retenu le système de grades du jūjutsu de manière à marquer sa différence – comme c’est le cas pour de nombreux autres choix. Rappelons qu’en ces temps difficiles pour les anciennes écoles de jūjutsu, où il n’est pas facile pour les non initiés de faire la distinction entre vrais héritiers de styles et bagarreurs professionnels, mieux vaut ne pas employer des expressions qui rappellent trop directement ce dont on cherche à s’extraire.

Il semble pourtant que la question de la « correspondance » entre les grades de jūjutsu et les grades de jūdō lui ait été souvent posée. A la fois pour clore le débat et affirmer une certaine supériorité du jūdō sur le jūjutsu, Kanō Jigorō finit par donner des équivalences.

Comme le contenu du Kōdōkan jūdō est, comparé aux jūjutsu anciens, beaucoup plus complexe et subtil, je pense que le menkyo d’autrefois correspond à peu près au 4e dan d’aujourd’hui.

Un des points fondamentaux de cette distinction entre Kōdōkan jūdō et jūjutsu est que si, en jūjutsu, il est possible d’arriver à un niveau où le professeur estime ne plus rien avoir à apprendre à son élève, et choisit donc de lui remettre l’ensemble des documents de transmission, voire d’en faire son successeur, en jūdō, le système est ouvert, et il est impossible d’atteindre un point où l’élève ne peut plus progresser.

Car la différence principale se situe là. En effet, si les distinctions dans les écoles de jūjutsu se font essentiellement sur le niveau technique, sur la connaissance du catalogue du style, et donc sur des critères extérieurs, en jūdō, c’est plus le niveau de compréhension, allié à sa capacité à appliquer qui sont déterminés. Le grade représente une expérience accumulée et validée associée à un niveau de compréhension de la discipline qui dépasse le cadre de son application technique. Dans un cas, le grade représente le travail fait sur la technique de l’école, dans l’autre, le travail accompli sur soi-même.

[…] je mettai sur pied un système dans lequel on devenait 1er dan après une certaine progression dans la pratique puis 2e, 3e, 4e dan et ainsi de suite vers le haut, en faisant en sorte que le 10e dan soit attribué aux personnes qui, dans l’ancien système, auraient atteint le niveau kaiden mais où, pour celles vraiment extraordinaires dans la pratique, il était possible d’atteindre des grades encore plus élevés.

Motiver les pratiquants

Kanō Jigorō affirme avoir mis en place un système de grades afin d’encourager ses élèves dans leur pratique. Le fondateur du jūdō connaît bien le caractère humain, et il est conscient de l’importance que peut revêtir, pour les pratiquants, une telle concrétisation de leurs progrès. Le grade joue sur la fierté qu’en tire le récipiendaire – et Kanō Jigorō compte sur ce sentiment de fierté pour que chaque pratiquant, aussitôt une étape franchie, envisage d’emblée de franchir la suivante.

Kanō Jigorō accentue la portée sociale du grade lorsqu’il décide de laisser les gradés montrer le niveau qu’ils ont atteint : les élèves kyū nouent une ceinture blanche shiro-obi 白帯 ou shiroiro obi 白色帯, tandis qu’à partir de premier dan, la ceinture devient noire kuro-obi 黒帯 ou kuroiro obi 黒色帯. Cette différence est identifiable au premier coup d’œil, y compris pour un débutant ou même un non jūdōka. Kanō Jigorō sait que certains élèves, pour mériter le privilège de porter une ceinture qui leur vaudra une certaine reconnaissance – aussi bien dans le dōjō qu’à l’extérieur – sont prêts à faire preuve d’une grande persévérance.

Il est difficile de dater avec précision l’entrée en vigueur de cette distinction de couleur. Certains auteurs la datent de 1884, comme la plupart des rituels, cérémonies et événements qui rythment et régissent la pratique. D’autrent la datent de la période dite Fujimi-chō 富士見町 (lorsque le Kōdōkan était situé dans le quartier de Fujimi) soit entre 1886 et 1889.

Personne n’a rien écrit concernant le choix de couleurs opéré par Kanō Jigorō pour marquer le grade des pratiquants, mais différentes hypothèses circulent parmi les vieux enseignants japonais.

Celle qui est généralement retenue est la suivante : le choix du noir et du blanc viendrait d’un jeu sonore fondé sur les termes shirōto 素人 et kurōto 玄人, qui signifient respectivement « débutant » et « expert ». Shiro signifiant également « blanc » et kuro « noir », l’origine du choix du blanc pour la ceinture des non gradés, et du noir pour les gradés, proviendrait donc de ces expressions. Il est vrai que Kanō Jigorō utilise effectivement parfois le terme shirōto (« débutant ») pour désigner les non-dan. De là à ce que cet usage confirme l’origine du choix du blanc pour la couleur de leur ceinture, il y a un pas que nous considérons comme un peu vite franchi. D’ailleurs, Kanō Jigorō semble préférer l’expression shoshinsha 初心者 qu’il emploie bien plus volontiers pour désigner le débutant de jūdō.

Kanō Jigorō ne s’explique pas sur son choix, pas plus que ses premiers élèves et les témoins de l’époque. Cependant, plusieurs éléments sont à noter : tout d’abord, il est plus facile et moins onéreux de se procurer un morceau d’étoffe de coton blanc (écru, en fait, c’est-à-dire non teinté) qu’un morceau d’étoffe de toute autre couleur : la ceinture blanche serait ainsi blanche (ou plutôt écrue) parce qu’elle est avant tout non colorée. Ensuite, se poser simplement la question du choix du blanc et du noir revient à tronquer une partie du problème, puisque la progression, dans le système de grades de Kanō Jigorō, ne va pas de blanc à noir, mais de blanc à rouge.

En effet, la couleur noire de la ceinture correspond aux grades du premier au cinquième dan. Ensuite, dès 1931, la ceinture est blanche et rouge (kōhaku dandara obi 紅白だんだら帯) du 6e au 8e dan, puis rouge kōshoku obi 紅色帯 à partir du neuvième dan.

[ D’après cette source l’historique est ainsi : 1886 : au Kôdôkan, la ceinture noire est porté du 1er au 9e dan et rouge au 10e dan, 1931 : les ceintures blanche et rouge de 6e à 9e dan sont ajoutées, 1943 : les ceintures noires 9e dan portent également une ceinture rouge]

Là encore, Kanō Jigorō n’ayant pas expliqué les raisons de ce choix, il faut se pencher sur le sens de ces deux couleurs, le couple blanc-rouge, au Japon – ou, plus exactement, la symbolique du blanc et de ce rouge particulier, beni ou kurenai en japonais 紅, rouge écarlate. Notons en particulier que ce couple se retrouve dans les rencontres des rouges contre les blancs, kōhaku shiai 紅白試合 et que, sur toute compétition, les combattants sont, pour l’arbitrage, distingués de cette manière.

Il existe différentes manières de progresser de grade en grade (et ces manières ont évolué dans le temps, y compris du vivant de Kanō Jigorō). Les professeurs ont d’abord la responsabilité de faire évoluer leurs élèves de kyū en kyū. En ce qui concerne le passage de « non-dan » à premier dan, c’est à l’enseignant que revient également la tâche de préparer et de présenter son élève au passage de ce premier dan. Dans les premiers temps du jūdō, Kanō Jigorō se charge d’évaluer lui-même les élèves pour l’attribution des grades à partir du premier dan, puis il crée une commission chargé de cette évaluation : shōdan suisen itaku dantai 昇段推薦依託団体.

En plus de ce système conventionnel existent également trois manières exceptionnelles de gravir les échelons : d’abord en l’emportant par ippon sur au moins cinq partenaires du même grade lors d’une compétition des rouges contre les blancs, kōhaku shiai 紅白試合 : c’est le système dit batsugun seido 抜群制度, « système d’excellence » ; ensuite en bénéficiant d’une promotion spéciale, à la demande du shihan (ainsi Hirose Takeo, mort le 27 mars 1904 et alors quatrième dan se voit accorder, à titre posthume, le sixième dan, le 8 avril de cette même année) ; enfin, un « non-dan » peut être nommé, au vu de son parcours, de ses actes, de ses contibutions, yūdansha : c’est le système yūdansha taigū 有段者待遇 (accueil parmi les gradés).

La plupart des grades sont obtenus dans le cadre conventionnel. Il est exceptionnel d’obtenir un grade d’une autre manière.

Le jūdō étant l’héritier des arts de combats anciens, il pourrait sembler logique que les grades soient attribués en fonction de la capacité du pratiquant à l’emporter sur les autres. Pourtant, de la même façon que Kanō Jigorō a toujours expliqué que le jūdō comporte trois grosses mailles que sont l’attaque et la défense, l’éducation physique, l’éducation intellectuelle et morale, dans le grade, l’aptitude à l’emporter sur les autres ne représente qu’un élément parmi d’autres du système d’attribution mis en place par Kanō Jigorō.

La notion importante est celle exprimée par Kanō Jigorō sous le terme buai 歩合, proportion. Il s’agit, dans la puissance utilisée pour projeter, défendre, attaquer, ou contrôler le partenaire, de faire la part entre ce qui relève de notre force physique et ce qui relève de la maîtrise technique, de l’apprentissage de la méthode. Bien sûr, cela n’est pas toujours évident à distinguer, d’autant que plus on monte en grade, plus l’une vient compléter l’autre. Toutefois, l’idée reste celle-ci : être capable de ne pas céder à la tentation de l’opposition physique, pour placer sa confiance dans les principes et s’appliquer à les mettre en œuvre.

[…] en réalité, comme il est impossible de discerner clairement entre la force physique innée et la puissance acquise par la pratique, jusqu’à un degré naturel, on peut convenir que la puissance naturelle s’ajoute à celle acquise par la pratique. Par exemple, il arrive que des gens de petite stature, malgré une technique convenable, à peu près 2e ou 3e kyū, perdent contre des pratiquants dilettantes doués d’une grande force physique. Dans ce cas là, certes la personne la plus forte physiquement l’a emporté mais, comme ce n’est pas par le jūdō qu’elle a gagné, il est évidemment impossible de lui donner le 1er kyū. Toutefois, parmi ceux qui s’entraînent sérieusement se trouvent des pratiquants à forte stature et d’autres à faible stature. Si deux de ces personnes se rencontrent en shiai et que c’est celui à plus forte stature qui l’emporte, il est certes possible de prendre plus ou moins en compte le poids et la taille mais, dans les grandes lignes, je pense qu’il est, dans le cadre d’une rencontre, certainement tout à fait approprié d’en profiter pour s’imposer. C’est pourquoi, dans la mesure où les rencontres démontrent la qualité de la pratique du jūdō, il est naturel de les considérer comme un élément mais il ne faut pas oublier qu’il ne s’agit de rien d’autre qu’un simple élément.

Ainsi, peu importent la taille, le poids, la force physique, le pratiquant, même le plus puissant physiquement, doit faire du jūdō, c’est-à-dire rivaliser d’adresse et de maîtrise. De même, la confiance dans les principes et dans sa  capacité à les exploiter doit permettre au plus naturellement faible des pratiquants d’affronter les plus grands, plus lourds, plus forts. D’autant qu’à cela doit s’ajouter un corps qui s’adapte peu à peu à la pratique : agilité, réponses promptes à la volonté, réactions rapides et réflexes. Un corps qui doit être au service de la technique, laquelle n’est autre que relais entre le principe et son application.

La volonté d’exploiter les principes, le corps et le combat sont des éléments importants. Mais ce n’est pas tout. Dans le grade doit aussi être pris en compte l’individu dans sa globalité : son caractère, son attitude dans et au-delà du dōjō, son implication dans la pratique. Et, plus le grade augmente, plus cette part prend de l’importance.

Je n’ai traité ici que de proportions et de technique mais, dans un passage de grade, la compréhension réelle du but du jūdō, l’attitude de tous les jours ainsi que divers facteurs, doivent être pris en compte. Comme ces derniers temps nous avions annoncé qu’une bonne façon d’évaluer les effets du jūdō dans les écoles de niveau intermédiaire consistait à prendre en compte chacun des domaines que sont l’attitude, l’adresse, la force, la politesse, le courage dans le travail, la conduite, je suis persuadé qu’il y a actuellement des écoles et des dōjō qui se fondent sur ce critère pour évaluer les résultats. En y réfléchissant bien, fixer le système de grades du jūdō est un problème complexe, qui n’est pas quelque chose d’aussi simple que de décréter que parce qu’un tel, sur une compétition donnée, a battu tel autre, il doit avoir un kyū plus élevé, ou qu’il ne saurait être d’un dan inférieur.

Kanō Jigorō ne craint pas l’augmentation des hauts grades. Il trouve que, la pratique du jūdō se répandant, il est logique que de plus en plus de gens obtiennent le sixième dan et plus, que c’est même signe de bonne santé du jūdō.

Comme je l’ai dit précédemment, les dan d’aujourd’hui ne diffèrent globalement pas de ceux d’autrefois et de leur valeur. Toutefois, avant, les hauts gradés n’étaient pas aussi nombreux que maintenant. Pour la première fois l’année dernière trois personnes ont atteint le neuvième dan et il n’y avait jusqu’à dernièrement qu’un seul huitième dan mais, à la dernière cérémonie du kagami‐biraki, le 25 à Hibiya, deux personnes de plus l’ont reçu et les sixième dan ont augmenté de quarante‐trois personnes. Que les hauts gradés augmentent ainsi est clairement une avancée du Kōdōkan.

La division entre « gradés » et « haut gradés » se situe au niveau du sixième dan, ce que, d’ailleurs, le changement de couleur de ceinture matérialise.

Jusqu’au sixième dan, la pratique doit consister à la fois à polir la technique et à travailler sur la proportion de force.

Néanmoins, il existe une première rupture dès le quatrième dan, ce que deux indices indiquent. D’abord, le fait que Kanō Jigorō indique que ce grade correspond à l’ancien menkyo, et donc à l’autorisation d’enseigner. Ensuite, le fait que les commissions ordinaires ne peuvent pas nommer une personne quatrième dan sans l’avis du plus haut responsable, le shihan.

Toutefois, devenir sixième dan, c’est basculer dans une autre dimension du jūdō, là où la technique et ses principes sont supposés être tellement maîtrisés qu’il est possible de se concentrer sur d’autres aspects.

Simplement, il y a pour seules distinctions l’idée qu’en dessous de 6e dan, il convient d’insister sur la technique et l’efficacité (c’est à dire la proportion de puissance parrapport au reste) tandis qu’à partir de 6e dan, il faut insister sur les autres compétences. Que l’on doive, en dessous de 6e dan, insister sur la technique et la proportion de force ne signifie pas qu’il faille négliger les autres compétences. De même, à partir de 6e dan, il est évident que la technique et la proportion de force doivent faire partie des capacités requises à la progression en grade.

L’accomplissement, à la fois sur le plan technique qu’humain, est toutefois marqué par le dixième dan.

Pour acquérir les compétences d’un shihan en Kōdōkan jūdō, il faut maîtriser les trois orientations qui en constituent l’enseignement, c’est‐à‐dire les trois domaines que sont l’éducation physique, l’éducation spirituelle ainsi que les méthodes d’attaque et de défense. Pour enseigner le jūdō comme éducation physique ou encore comme méthode d’attaque et défense, il faut, en plus d’une pratique appropriée des techniques de chacun de ces aspects et d’une compréhension de la théorie, se constituer des connaissances générales en anatomie, en physiologie et hygiène ainsi qu’être au fait des méthodes pédagogiques. Pour enseigner le jūdō comme moyen d’éducation spirituelle, il faut non seulement être soi‐même pourvu d’un caractère adéquat et compléter les connaissances ordinaires par des éléments scientifiques en psychologie et morale, mais également avoir des connaissances précises sur les kata et le randori du jūdō, et les comprendre parfaitement. Comme l’éducation spirituelle du jūdō se fait essentiellement lors de l’enseignement et de la pratique des kata ou du randori, il faut, pour les kata, connaître parfaitement leurs substance et théorie ainsi qu’en avoir une réelle expérience, et il en va de même pour le randori où il faut une connaissance complète des nage‐waza et katame‐waza bien entendu, mais également de l’ate‐waza. Qui plus est, afin de posséder complètement les mystères du jūdō, il faut trouver un moyen de comprendre la façon juste de se comporter, peut‐être par la pratique répétée des techniques du jūdō grâce à laquelle on atteint une technique habile avant de s’éveiller à un état d’esprit ésotérique, ou peut‐être par l’étude théorique par laquelle on comprend le sens de la vie et de la mort. C’est pourquoi, pour acquérir les compétences d’un shihan de jūdō, il est indispensable de pratiquer de façon large le plus de choses possibles.

Même si « dans les dan, le dixième n’est pas le plus élevé : une fois dixième dan et après avoir reçu le titre de shihan, on peut encore obtenir le onzième ou plus haut », Kanō Jigorō n’a jamais délivré de grade supérieur. Il est donc fort peu probable que quiconque reçoive jamais un onzième dan. Sur les quinze personnes qui à ce jour (fin 2006) ont reçu ce grade prestigieux, trois l’ont été du vivant de Kanō Jigorō. Le premier, Yamashita Yoshitsugu 山下義韶 n’a eu cet honneur qu’à titre posthume (décédé le 26 octobre 1935 et promu le 24 novembre 1935). Isogai Hajime 磯貝一 et Nagaoka Shūichi 永岡秀一 sont les deux premiers à l’avoir reçu de leur vivant, et les deux seuls de la main de Kanō, le 22 décembre 1937.

L’attribution de grades, surtout sur la base d’une population de pratiquants de plus en plus large et diverse, pose de nombreuses questions auxquelles les jūjutsu n’avaient jamais eu – du fait du mode d’attribution essentiellement de maître à disciple de l’autorisation d’enseigner ou des documents de transmission – à se poser.

Comment faire pour que le niveau moyen d’un grade soit significatif ? Comment faire pour qu’un même grade attribué à deux endroits différents représente la même chose ? Comment faire pour qu’un grade attribué à un moment donné représente le même niveau de pratique et de compréhension que ce qu’il représentait cinquante ans auparavant ?

Évolution du système d’attribution des grades

Au début, Kanō Jigorō est le seul à décider de toute évolution de grade, système qui ne peut perdurer longtemps devant l’augmentation du nombre des élèves d’une part et la multiplication des dōjō d’autre part.

Aussi va-t-il créer des commissions chargées d’évaluer les élèves, shōdan suisen itaku dantai 昇段推薦依託団体. Les professeurs peuvent faire monter les élèves en kyū librement mais, pour le passage au premier dan, doivent en référer à la commission d’évaluation qui, seule, tranche.

Jusqu’au quatrième dan, le principe reste le même, la commission étant souveraine. Au-delà du quatrième dan, le shihan, c’est-à-dire Kanō Jigorō en personne ou un dixième dan (mais les deux premiers ne seront nommés que fin 1937, soit cinq mois seulement avant la mort de Kanō), doit être consulté avant toute attribution de grade.

Jusqu’en février 1930, une personne peut-être promue sans en avoir fait la demande. Soit parce qu’elle a été repérée par la commission d’évaluation, soit parce qu’un tiers a demandé que son cas soit examiné. Toutefois, Kanō Jigorō revient sur cette habitude et établit que toute progression en grade doit relever d’une démarche volontaire.

Actuellement, pour passer de mudan à 1er dan, les personnes en charge des 1er kyū délibèrent et proposent ceux dont on peut reconnaître les compétences d’un 1er dan puis cela est à nouveau examiné par la commission d’examen des compétences des yūdan qui en discute et soumet son opinion au shihan. Si celui‐ci trouve la proposition convenable, elle entre en vigueur immédiatement mais, s’il y a un doute, l’organe approprié est à nouveau consulté afin d’en décider. Cependant, comme les personnes en charge des 1er kyū sont en général de notre dōjō, afin de reconnaître les compétences des gens de province, il faut un moyen spécifique. Aussi la règle veut‐elle qu’en l’absence de responsable [des 1er kyū], n’importe quel professeur de province peut proposer un de ses élèves et que tout porteur de dan peut faire une demande pour toute personne de grade inférieur au sien. Qui plus est, dans des cas exceptionnels, il arrive que le shihan reconnaisse de lui‐même les compétences et attribue le grade. De même, pour passer de 1er à 2e dan puis de 2e à 3e dan, les personnes en charge des 1ers kyū n’interviennent plus mais la commission d’examen des compétences des yūdan peut sélectionner directement ou sur la proposition d’un tiers et proposer son avis ; pour progresser à partir de 4e dan, le shihan réunit une commission de consultation extraordinaire, écoute son avis, et prend une décision.

Comme ces critères ne reposent pas tous sur des bases objectives, certaines promotions – ou refus – n’échappent pas à la critique, mais Kanō Jigorō prétend qu’il s’agit là du meilleur système possible et ne reviendra plus dessus.

Cette façon de faire les examens ne peut en aucun cas être considérée comme lacunaire si on la compare aux méthodes en vigueur dans le monde pour des situations comparables. Toutefois, non qu’il n’y ait jamais eu jusqu’à maintenant de plaintes quant au résultat de la sélection. Comme cela arrive souvent dans le monde profane, il arrive qu’il y ait des divergences entre ce que deux personnes regardent. De même, il arrive que les membres de la commission de sélection reconnaissent des points d’excellence que d’autres ne connaissent pas ou encore repèrent des lacunes dont ils ont connaissance, ce que des personnes extérieures, ignorantes de tous ces éléments, critiquent.

Tout en concevant qu’il arrive que certaines décisions ne fassent pas l’unanimité.

De plus, comme la décision est prise sur la base d’une réflexion se basant entre autres sur la compréhension bien sûr technique mais aussi du jūdō de confrontation, sur le caractère de cette personne et aussi sur sa formation générale, sur sa contribution au jūdō, tout le monde n’accordant pas d’importance aux mêmes points, leur point de vue sur ces différents éléments pouvant différer, il peut arriver qu’il y ait des jugements différents.

La valeur du grade

Cette notion de dan s’impose rapidement dans la société comme un titre respecté, ce qui est source de fierté pour Kanō Jigorō. En effet, après le rejet qu’ont connu les pratiquants de jūjutsu, être parvenu à faire en sorte que les adeptes du jūdō soient considérés par les non pratiquants est une véritable réussite, basée, selon lui, sur la pertinence des critères et la qualité des choix.

Les noms de ces grades n’étaient pas utilisés autrefois dans les arts guerriers mais à partir du moment où le Kōdōkan a commencé à les employer, les gens ordinaires n’utilisèrent plus mokuroku, menkyo ou kaiden mais demandaient « quel dan est untel ? » et en vinrent à respecter les gens dont les dan étaient élevés et même les gens qui n’étaient pas des spécialistes du jûdô en vinrent à considérer comme un honneur que de posséder un dan. Récemment [texte écrit en juin 1920], et jusqu’à la Butoku‐kai, le jūdō n’est plus le seul à attribuer des dan mais le kendō s’y est mis et le terme dan est devenue une appellation de plus en plus respectée par les gens. Que les dan soient ainsi respectés dans le monde profane est la preuve que par le passé, le Kōdōkan ne s’est pas basé sur une sélection grossière pour les attribuer mais a adopté une attitude suffisamment prudente.

Kanō Jigorō est assez ambivalent sur la question du maintien de la valeur du grade entre les débuts du Kōdōkan et quelques cinquante ans plus tard.

D’une part, il réagit aux insinuations de baisse de niveau par la négative, prétextant que si plus de monde entre dans le système des dan, c’est simplement parce qu’il y a plus de pratiquants.

Depuis quelques temps, le nombre de personnes montant en dan dépasse chaque année le millier et, cette année encore, à la cérémonie du kagami‐ biraki, il y avait trois mille cent dix récipiendaires. Certains demandent si ces derniers temps l’obtention des dan n’est pas devenue facile et qu’en conséquence la valeur des dan n’aurait pas baissée, mais je ne le pense absolument pas. Globalement, rien ne diffère d’autrefois. Je pense que c’est parce que le jūdō se diffusant, le nombre de pratiquants a augmenté.

D’autre part, il concède qu’il lui a fallu instaurer un examen supplémentaire pour autoriser les sixième dan à enseigner le kata, alors qu’autrefois, l’obtention de ce grade était une garantie suffisante. Il est vrai que cela suit aussi l’évolution du jūdō dont la pratique se résume de plus en plus au randori dans nombre de dōjō, en négligeant le kata.

Une chose est qu’entre les époques anciennes et aujourd’hui, il y a des différences quant aux compétences requises pour passer sixième dan. Auparavant, pour devenir sixième dan, on passait absolument un examen de kata et, si on ne nous reconnaissait pas la capacité d’enseigner le kata, on ne pouvait monter en grade. C’est pourquoi toutes les personnes sans exception qui devenaient sixième dan recevaient l’autorisation d’enseigner le kata et le randori. Ces derniers temps, on en est arrivé à ce qu’une personne, même si elle n’est pas forcément très capable en kata mais qu’elle est bonne en randori et que l’on considère qu’elle est accomplie humainement, ou qu’elle a contribué à la recherche sur le jūdō ou à sa diffusion, puisse recevoir son grade. En conséquence, la capacité d’enseigner le kata et le randori ne se voit plus décernée que sur examen spécifique. Si l’on réfléchit à partir de là, devenir sixième dan était, sur le plan technique, plus difficile que maintenant.

Bien vite, il n’est plus possible de centraliser tous les passages de dan sur le seul Kōdōkan. Il faut donc créer des lieux de passages délocalisés et réfléchir à ce que la valeur des grades diffère le moins possible d’un lieu à l’autre. Il faut donc établir un niveau d’exigence commun. Cela repose sur des personnes de confiance du Kōdōkan qui, dans les régions, forment les « associations de possesseurs de dan », yūdansha-kai 有段者会 qui doivent veiller à l’organisation des passages de grade et au respect des critères pour chaque échelon.

Tout succès ayant son revers, le mot dan se diffusant dans la société et jouissant d’un prestige grandissant, d’autres disciplines sont tentées d’employer la même terminologie. Ainsi, la Butoku-kai, qui bénéficie d’au moins une représentation par région, se met à distribuer des dan dans les disciplines qu’elle représente, alors même qu’elle avait établi ses propres distinctions : renshi 錬士, kyōshi 教士 et hanshi 範士. Elle commence par le jūjutsu, ce qui entretient la confusion. Cela ne gêne toutefois pas trop Kanō Jigorō car, bien vite, la quasi- totalité des places de professeur sont en fait occupées par des personnes du Kōdōkan jūdō.

En 1917, ce qui deviendra bientôt le kendō – fer de lance de la Butoku-kai – reprend le système de kyū et dan et toutes les disciplines s’y mettent. Cette perte de contrôle sur l’appellation déplaît fortement à Kanō Jigorō qui a peur qu’après tant d’efforts, le terme ne soit galvaudé et, bientôt, ne soit plus gage de qualité. Mais son combat pour retrouver l’exclusivité d’un système dont il est pourtant l’inventeur n’atteindra pas son but.

Si la Butoku‐kai était d’accord, les dan étant à l’origine la propriété du Kōdōkan et les titres de kyōshi et hanshi celle de la Butoku‐kai, afin que le Kōdōkan n’attribue pas ces derniers, il faudrait décider qu’elle n’attribue pas de dan ; alors, si les dan devenaient la  seule propriété du Kōdōkan, il n’y aurait plus d’ennui or, aujourd’hui la Butoku‐kai n’attribue pas seulement des dan en jūdō mais aussi en kendō, aussi souhaiterais‐je que dorénavant, ceux‐ci étant à l’origine au Kōdōkan seul, qu’elle arrête cela et s’en abstienne. Mais que, comme aujourd’hui, des organes de contrôle différents puissent librement, chacun selon des critères qui leur sont propres, faire monter en grade va à terme briser le système de grades du jūdō finalement unifié après des années d’efforts jusque maintenant, et c’est pourquoi il faut s’efforcer de supprimer cette tendance en expliquant toutes les méthodes. Alors, actuellement, tout en discutant d’un côté avec les principaux organismes de jūdō de Kyōto de divers moyens de résoudre cela, je fais des réunions et m’entretiens avec le président et le vice‐président de le Butoku‐kai. Je souhaiterais trouver sous peu une solution qui satisfasse tout le monde.